11 mai 2024
Maquillage

La beauté au XIXe siècle : vive le XXIe siècle !

Pour Arcadie, j’ai un salon Discord dont on parle de tout et surtout de politique. Mais, entre deux escarmouches à l’Assemblée nationale, on a aussi besoin de parler de sujets plus légers. Disant du mal d’une ancienne ministre, nous avons progressivement glissé vers les produits de beauté des temps anciens. Vous pensiez que c’était mieux avant ? Détrompez-vous.

Repères historiques et géographiques

Dans cet article, on parle des jeunes filles françaises de la bonne société, entre le Premier Empire et la fin du Second Empire. Il est basé sur un ouvrage délicieux, intitulé « Sainte ou pouliches, l’éducation des jeunes filles au XIXe siècle », écrit par Isabelle Bricard. L’ouvrage est paru chez Albin Michel, en 1985. Il est disponible chez Amazon, y compris en version électronique.

Oeufs et peignes à dégraisser : l’hygiène des cheveux

Que l’on soit clair : ici, on ne va parler que des jeunes filles de bonne famille, de celles qui étaient tout juste bonnes à marier et à produire une tripotée de rejetons, afin d’assurer la descendance, même en cas de guerre napoléonienne, d’épidémie de choléra ou de cas de syphilis. Sachez que les jeunes filles de bonne famille, on évitait le contact de l’eau de façon assez générale. On se lave avec une chemise longue le corps et on évite l’eau sur les cheveux car elle provoque la calvitie et les migraines. Bien entendu, on garde les cheveux longs.

Alors, comment se lavait-on les cheveux à l’époque ? Dire qu’on les lavait est un bien grand mot. On utilisait un peigne à dégraisser qu’on passait dans les cheveux. Avec un peu de chance, certaines familles acceptaient les lotions savonneuses mais, on recourait aussi au jaune d’oeuf, dont on tamponnait la chevelure.

Pour les plus coquettes — afin d’avoir vraiment l’air de sortir d’une friteuse — on appliquait sur les cheveux des pommades à base de moelle de boeuf ou de l’huile d’amande douce. Je vous laisse imaginer l’odeur que ça pouvait avoir. Quant à l’hygiène, on devait attirer tous les insectes du monde. Si cela peut vous rassurer, l’hygiène corporelle et dentaire de l’époque était tout aussi déplorable.

Craie, plomb, mercure et arsenic : les meilleurs amis beauté des coquettes de l’époque

Dans les livres d’histoire, on retrouve souvent la trace de produits issus de la nature faisant office de produits de beauté, qu’il s’agisse de soins ou de maquillage. Certains sont toujours utilisés, on pense à l’argile, au citron mais aussi au henné. Au XIXe siècle, les jeunes filles de bonne famille avaient l’interdiction formelle de se maquiller, au moins jusqu’au mariage.

On a envie de dire « heureusement pour elles ». En effet, à cette époque glorieuse, en France, le maquillage est à base de métaux lourds : plomb, mercure, cyanure, arsenic. Si l’on voulait empoisonner quelqu’un, il suffisait de se rendre dans la coiffeuse d’une demi-mondaine et d’y piocher son fard à paupières préféré.

Mais, les jeunes filles de bonne famille avaient tout de même quelques impératifs à respecter. Pour être belle, il fallait avoir le teint très clair. Comment faire ? Certaines croquaient des craies, d’autres de l’ardoise ou du thé moulu. Est-ce un vestige de la légende de la sanguinaire Báthory ? Certaines se lavaient le visage avec du sang de boeuf frais. Pourquoi une telle obsession ? Un teint hâlé était synonyme de travail en extérieur, une jeune fille de bonne famille ne pouvait décemment pas faire autre chose que de broder son ouvrage en attendant d’être épousée. Ce même impératif de blancheur s’appliquait aux mains.

Tout faire pour fourguer la fille à marier au bazar

Officiellement, une jeune fille de bonne famille répond « naturellement » aux canons de beauté de l’époque. Elle n’est pas très grande – 1 m 50 – elle est fine seulement à certains endroits, elle est blonde, elle a le teint très clair, des dents blanches et alignées, des mains délicates et des petits pieds.

Pour la taille, les mères ne pouvaient pas grand-chose. Mais, pour la taille fine, nos ancêtres d’Europe et d’Amérique ont largement souffert avec les corsets. Pour vous donner une idée, l’un des idéaux de beauté de l’époque fixait un tour de taille à 50 centimètres. Prenez un mètre de couture pour avoir une idée de ce que cela donne en tour de taille. Pour rester minces, les rondes avalaient du vinaigre ou du citron. On ne veut pas imaginer l’état de l’estomac. Mais, il fallait tout de même avoir de la poitrine. Donc, certaines jeunes filles trop fluettes subissaient un régime grossissant, qui ferait tourner de l’oeil tous les nutritionnistes actuels.

Interdiction formelle de toucher à la couleur des cheveux mais, en ce qui concerne l’ancêtre de l’orthodontie, il y a de quoi s’évanouir d’horreur. Les soins dentaires étaient très rudimentaires. Arrivées à l’âge où elles devaient se marier, beaucoup de jeunes filles avaient les dents abîmées. Pas de quartier, on arrache les mortes et on les remplace par des dents d’hippopotame. Pour celles qui ont les dents mal alignées, on leur fait poser une plaque en or sur la mâchoire pour remettre les dents à leur place.

Et pour celles qui ont des taches de rousseur ? Pour elles, tous les coups sont permis ! Dont l’utilisation du fameux lait antéphélique, qui promettait de supprimer les taches de rousseur. La publicité expliquait que le sujet allait ressentir des tensions et de la chaleur, mais qu’à la fin du traitement, la peau serait « blanche et fraîche, délivrée des taches qui la ternissaient ». Voici une partie de la composition : nitrate d’argent, sulfate de cuivre, acétate de plomb, bichlorure de mercure.

Depuis et heureusement pour nous, la science a fait des progrès de même que la morale.